BALIN Mireille
Production :
Actrice FrançaiseBiographie :
Mireille Balin, de son vrai nom Blanche Mireille Césarine Balin, naît avec deux mois d'avance, le 20 juillet 1909, dans une clinique de Monte-Carlo, à la suite d'un accident de voiture de sa mère. Celle-ci est florentine. Son père, qui est français, est journaliste à La Tribune de Genève.
Mireille fait des études secondaires dans un pensionnat pour jeunes filles, à Marseille. Jusqu'à 12 ans, c'est une élève modèle mais à partir de 16 ans, on la voit "sautant et courant comme un garçon". Elle y manifeste des dispositions pour les langues étrangères: italien, anglais et allemand. Elle suit aussi des cours de piano et d'équitation. Ses parents s’installent ensuite à Paris, espérant sortir de difficultés financières résultant des catastrophiques opérations boursières paternelles.
Après des études secondaires, elle dira : "Un jour il faut gagner sa vie… Je savais quatre langues, j’ai pensé trouver une place de vendeuse. Mais (…) on m’a convaincue rapidement qu’avec la silhouette que j’avais, je gagnerais beaucoup plus comme mannequin. Va pour mannequin… et puis j’ai posé pour des publicités, des machines à écrire, des bas. (…) Je n’ai jamais pensé faire du cinéma, qu’est-ce qu’on aurait dit à la maison ! (…)".
Mireille Balin va faire du cinéma. Après une apparition avec Jean Gabin dans Adieu Les Beaux Jours, elle est engagée pour jouer la nièce de Don Quichotte.
La jeune femme est lancée: elle a à peine plus de 20 ans et sa silhouette impeccable et son visage juvénile sont mis au service de ravissantes ingénues. Julien Duvivier voit en elle un talent encore inexploité. Il lui propose d’abord le rôle d’Aïcha dans La Bandera (1935) mais Mireille tombe malade.
En 1936, elle retrouve Jean Gabin dans Gueule D’Amour où elle est "l’instrument de l’inéluctable car (…) de ces traits sans défauts sourd la mort, de ce visage acéré, de ces sourcils arqués, de ces paupières profondes, de cette bouche parfaite mais ironique, à la lisière du mépris, de ces mains fines aux phalanges démesurées…". ("Inoubliables !" par R. Chirat et O. Barrot, Calmann-Levy, 1986)
Devenue vedette, Mireille est appelée à Hollywood pour rien... De retour en France, elle se trouve cantonnée dans des rôles de femme fatale comme dans Macao, L’Enfer Du Jeu (1940), Menaces (1939) ou encore Dernier Atout (1942) qui lui donnent ses meilleurs interprétations.
On lui reprochera, après la guerre, d’avoir participé au film pro franquiste Les Cadets De L’Alcazar (1940) et d’avoir connu une liaison jugée tapageuse avec un officier de l’armée d’occupation: sa carrière en fut prématurément interrompue.
Pendant l’Occupation, elle tourne encore quelques films de Jacques Becker et Jacques de Baroncelli. Elle s’éprend de Birl Desbok, un jeune officier viennois de la Wehrmacht mais l’actrice n’échappera pas aux foudres de l’Epuration.
En septembre 1944, arrêtée avec lui par les FFI à Beausoleil alors que le couple tente de passer en Italie. Elle est battue et violée puis incarcérée à Nice. On ne sait pas ce qu’il est advenu de son compagnon, il a sans doute été exécuté lors de son arrestation. Mireille sera transférée ensuite à Fresnes.
Devant le tribunal, on lui reproche sa liaison et sa participation au tournage du film Les Cadets De L’Alcazar et aux galas artistiques de l’ambassade d’Allemagne à Paris. Elle ne sera libérée en qu’en janvier 1945.
Sa vie, sa carrière et sa santé se sont brisées et ses anciennes relations l’évitent. Le public qui l’a admirée sans l’aimer dans ses rôles de femme fatale peu sympathique se détourne également.
Malgré une ultime tentative, La Dernière Chevauchée (1948), elle retourne dans l’oubli sur la Côte d’Azur. Dans un dénuement complet, elle est marquée physiquement par la maladie: méningite, typhus, alcoolisme…
Elle remonte à Paris en 1957. Elle est prise en charge par l’association "La roue tourne".
Malade et sans ressources, Mireille Balin est morte à 59 ans dans l’anonymat et la pauvreté le 9 novembre 1968 à Clichy-la-Garenne en Hauts-de-Seine.
"La roue tourne" lui évite la fosse commune: elle est inhumée au cimetière de Saint-Ouen, partageant plus tard son caveau avec Jean Tissier, un autre comédien décédé dans la misère. Leur sépulture est fleurie à chaque Toussaint par l’association. Aucune personnalité du cinéma français à l'exception de Jean Delannoy n'assista à son enterrement. Fernandel, président d'honneur de l'association "La roue tourne", et Tino Rossi, son ancien amant et compagnon, contribueront en grande partie à payer l'enterrement, ainsi que le caveau. Lors de son enterrement, d’après les rumeurs, on plaça dans son cercueil un petit ours en peluche offert par Tino Rossi.
Au cours de sa vie, Mireille Balin ne s’est jamais mariée et n’eut aucun enfant.
Au fond de la misère et de l'oubli où elle était tombée, Mireille Balin n'éprouvait aucun regret: "Ça ne fait rien. Si je devais recommencer ma vie, je n'en voudrais pas d'autre".
Filmographie complète :
- 1932 : Vive la classe, de Maurice Cammage
- 1932 : Don Quichotte, de Georg Wilhelm Pabst : la nièce
- 1933 : Le Sexe faible, de Robert Siodmak : Nicole
- 1933 : Adieu les beaux jours, d'André Beucler et Johannes Meyer : une jeune fille
- 1933 : Vive la compagnie, de Claude Moulins : Lilette
- 1934 : On a trouvé une femme nue, de Léo Joannon : Denise
- 1934 : Si j'étais le patron, de Richard Pottier : Marcelle
- 1935 : Marie des Angoisses, de Michel Bernheim : Marie
- 1936 : Jeunes Filles de Paris, de Claude Vermorel : Gine
- 1936 : Le Roman d'un spahi, de Michel Bernheim : Cora
- 1936 : Pépé le Moko, de Julien Duvivier : Gaby Gould
- 1937 : Gueule d'amour, de Jean Grémillon : Madeleine
- 1937 : Naples au baiser de feu, d'Augusto Genina : Assunta
- 1938 : La Vénus de l'or, de Jean Delannoy et Charles Méré : Judith
- 1938 : Le Capitaine Benoît, de Maurice de Canonge : Véra Agatcheff
- 1938 : Terre de feu de Marcel L'Herbier : Georgette
- 1939 : Terra di fuoco de Giorgio Ferroni et Marcel L'Herbier, version italienne du précédent : Georgette
- 1939 : Coups de feu, de René Barberis : la comtesse Vilma Isopolska
- 1939 : Rappel immédiat, de Léon Mathot : Helen Wells
- 1939 : Menaces, d'Edmond T. Gréville : Denise
- 1939 : Cas de conscience de Walter Kapps - (Les scènes avec Mireille Balin ont été coupées au montage et retournées avec Suzy Prim)
- 1940 : Macao, l'enfer du jeu, de Jean Delannoy : Mireille
- 1940 : Les Cadets de l'Alcazar d'Augusto Genina : Carmen Herrera
- 1941 : Fromont jeune et Risler aîné, de Léon Mathot : Sidonie Chèbe
- 1942 : L'assassin a peur la nuit, de Jean Delannoy : Lola Gracieuse
- 1942 : Dernier Atout, de Jacques Becker : Bella Score
- 1942 : Haut-le-Vent, de Jacques de Baroncelli : Gisèle Esteban
- 1942 : La Femme que j'ai le plus aimée, de Robert Vernay : Jane
- 1942 : Malaria, de Jean Gourguet : Madeleine Barral
- 1947 : La Dernière Chevauchée, de Léon Mathot : Louise Valérian